Salaires femmes-hommes : des inégalités tenaces

Face au coronavirus, un nombre important de femmes se retrouvent en 1e ligne de lutte contre l’épidémie et sur des services essentiels, car elles occupent majoritairement des métiers tel que personnel soignant, aide à domicile, emplois du commerce ou encore dans la couture… La crise sanitaire a su nous rappeler la présence d’inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes sous différentes formes dont il est nécessaire de comprendre les sources pour mener des actions efficaces. Zoom sur la répartition des temps de travail par professions et secteurs d’activités et sur les niveaux de salaires associés.

 

658 100 femmes actives, dont 1 / 4 sur Nantes métropole

73 %, c’est le taux d’activité* des femmes (78 % pour les hommes), 72 % sur Nantes métropole

16,20 €/h c’est le salaire brut moyen pour les femmes, soit un manque à gagner de 3,60 € chaque heure par rapport aux hommes

Sur le chemin de l’égalité professionnelle, le manque de mixité au sein de nombreuses familles de métiers cumulé à l’importance du temps partiel chez les femmes (des postes moins valorisés qu’à temps plein) expliquent une première partie des écarts moyens de rémunérations.

 

Métiers et âge, deux déterminants incontournables des inégalités

VRAI OU FAUX ? L’écart de salaire horaire moyen entre femmes et hommes ne relève que des discriminations salariales >> FAUX
En France, la DARES estime en moyenne à 10 % la part de discrimination dans les écarts. Ainsi, 90 % des réponses se trouvent dans le cumul de facteurs socioéconomiques, plus ou moins prépondérants selon les territoires, et en partie indépendants de l’action publique :
•    les différences d’heures travaillées et de temps partiel
•    la faible diversité de métiers occupés par les femmes cumulée aux secteurs moins rémunérateurs et peu investis par les hommes (service à la personne)
•    la structure d’âge de la population active
Ainsi, pour établir le niveau de discriminations, il faut comparer le salaire horaire moyen des femmes et des hommes, dans une branche professionnelle donnée, à âge et temps travaillé équivalents. Avec un âge médian plus élevé chez les femmes employées et un nombre d’heures plus conséquents, un traitement égal devrait se traduire par un salaire horaire moyen plus élevé que celui des hommes. A contrario, la faible mixité dans les métiers ouvriers joue sur le manque à gagner moyen pour les femmes malgré leur âge médian supérieur. Dernier exemple, l’écart moyen chez les cadres de plus de 50 ans atteignant 9 € / h est dopé par un âge médian des hommes plus élevé, mais ne peut expliquer complètement des écarts de 11,30 €/h pour les professionnels de santé et avocats.

Malgré les progrès réalisés en la matière, l’écart de salaire horaire moyen entre femmes et hommes tend à augmenter en Loire-Atlantique du fait du vieillissement de la population. Il reste même en moyenne plus élevé qu’ailleurs en France. Les évolutions économiques, comme la croissance du secteur informatique ou des soins à la personne freineront la réduction des inégalités, à moins d’évolutions drastiques des pratiques RH au sein des entreprises.

 

Zoom sur la métropole nantaise :
les femmes y perçoivent en moyenne 80 % du salaire net horaire des hommes
Le salaire net horaire moyen est de 13 € pour les femmes quand il est en moyenne de 15 € / h pour l’ensemble des salariés habitant la métropole nantaise.

Les hommes touchent en moyenne chaque heure 26 % de plus que les femmes.

Le manque à gagner pour les femmes de 3,40 € par heure est supérieur à la moyenne nationale (2,70 € au niveau national) et en hausse (3,22 € en 2015).

L’âge questionne également l’évolution des inégalités : activité et diplômes plus
importants chez les femmes, déclassement de diplômes susceptibles de s’accélérer, arbitrages liées à l’arrivée des enfants. Les effets générationnels et le vieillissement de la population présagent aussi de la poursuite de la hausse des écarts moyens pour plusieurs années encore.

Les métropoles présentent un écart moyen F/H des salaires plus important qu’en moyenne en France. Nantes ne fait pas exception, en 2e position après Toulouse à présenter un manque à gagner plus élevé.

Les secteurs d’activités influencent les écarts de salaires moyens

Les secteurs d’activité, cumul des répartitions de métiers, d’âge et de temps de travail, influencent également les écarts de salaires moyens par territoires de par leur poids au sein de chaque économie locale.

Par exemple, dans le secteur des activités immobilières, le salaire horaire moyen brut des hommes (tout âge et tout métier confondu) travaillant dans une entreprise du secteur des activités immobilières est plus élevé de 4,50 € par heure que la moyenne horaire des femmes.

 

Le chemin vers l’égalité salariale est donc encore sinueux d’autant que le vieillissement accéléré de la population et l’évolution des métiers eux-mêmes y ajoutent leur grain de sel. Les effets des générations passées seront longs à gommer, mais ne doivent pas décourager les entreprises à redoubler leurs efforts en matière de mixité et d’égalité salariale.

 

*Taux d’activités : nombre d’actifs rapporté à l’ensemble de la population en âge de travailler (15-64 ans)
 
Sources :
–    Population, population active et taux d’activité : INSEE, RP 2016, Demande d’emploi : Pôle Emploi, 2019
–    Heures travaillées : Insee, DADS 2016. Champ considéré : France entière y compris DOM, hors Mayotte pour les salariés du secteur privé ou d’une entreprise publique (hors agriculture). Sont compris les bénéficiaires de contrats aidés et chefs d’entreprises salariés ; sont exclus les apprentis, les stagiaires, les salariés agricoles et les salariés des particuliers employeurs.
–    Exploitation INSEE, DADS, fichiers salariés au lieu de résidence. 2015, 2016